Charles Eugène (vicomte, puis père) de Foucauld naît à Strasbourg le 15 septembre 1858 d’une famille noble d’origine périgourdine et meurt le 1er décembre 1916 assassiné à la porte de son ermitage au Sahara.
Ermite au Sahara :
Le 9 janvier 1902, il rachète un premier esclave qu’il appelle Joseph du Sacré-Cœur. Une partie de l’année 1902 est consacrée à un échange de correspondance avec Mgr Guérin, préfet Apostolique du Sahara au sujet de l’esclavage. L’année suivante, il songe à accomplir des voyages au Maroc et à y installer une Fraternité. Il voudrait être rejoint par des compagnons auxquels il demanderait trois choses : « être prêts à avoir la tête coupée - être prêts à mourir de faim - à lui obéir malgré son indignité ».
Au mois de juin, devant l’impossibilité de se rendre au Maroc, il confie à l’abbé Huvelin, à Mgr Guérin et au commandant Laperrine son projet d’évangéliser le pays touareg. À la fin de l’été, il va porter secours aux soldats blessés par les combats de Taghit et d’El-Moungar. Il rédige une petite introduction au catéchisme qu’il intitule l’Évangile présenté aux pauvres nègres du Sahara.
Entre 1904 et 1905, il commence ses tournées « d’apprivoisement ». Accompagnant des colonnes de militaires qui nomadisent à travers le désert, il prend contact avec les populations du sud ou du Sahara central. Son périple le mène de Béni-Abbès à Adrar, In Salah, Aoulef, el Goléa, et Ghardaïa. Durant les marches il apprend le tamachek (idiome des Touaregs) et entreprend une traduction de l’Évangile en cette langue. Au cours de l’année 1905, il achève la rédaction des ses Méditations sur les Saints Évangiles, et est autorisé par l’abbé Huvelin et Mgr Guérin à participer à une tournée de nomadisation vers le Hoggar. À In Ouzzel, sur la route de Tamanrasset, il fait connaissance de Moussa Ag Amastane, Amenokal de la tribu des Ahaggar. La mission arrive à Tamanrasset en août 1905. Le Père de Foucauld commence par vivre dans une Zériba. Puis il se construit une maison en pierre et terre séchée. Il décide de s’y installer pour quelques mois et de passer chaque année trois mois à Béni Abbès, six mois à Tamanrasset, trois mois à aller et venir. Les Touaregs vouent rapidement une vénération au « Frère Charles de Jésus », encore qu’une femme confiera plus tard qu’elle et ses compagnes ne cessaient de prier Dieu pour que l’ermite se convertisse à l’islam, désolées qu’un homme si saint fût promis à la damnation éternelle.
(9 décembre 1905, loi de séparation de l’Église et de l’État).
Lors de son retour de Béni-Abbès en septembre 1906, le général Lyautey vient lui rendre visite. Durant toute cette période d’ailleurs, il reçoit souvent des officiers français avec lesquels il a des échanges très fructueux ; c’est le cas par exemple du Capitaine Edouard Charlet, dont on donnera le nom à Djanet (Fort-Charlet), ainsi que des lieutenants Ardaillon, Gardel, etc..
En décembre 1906, à Maison Carrée, maison des Pères Blancs, Mgr Guérin lui donne un compagnon, le Frère Michel. Il lui accorde également l’autorisation d’exposer le Saint Sacrement chaque fois que deux adorateurs pourront être présents au moins trois heures. Un an plus tard, les deux religieux partent pour le Hoggar. Le Frère Michel, dont la santé ne résiste pas aux fatigues du voyage, quitte le Père à In Salah. De juillet 1907 à Noël 1908, le Frère Charles reprend sa vie régulière et monastique à Tamanrasset. En janvier, il obtient du Saint-Siège l’autorisation de célébrer la messe sans servant. Il travaille jusqu’à onze heures par jour à des travaux linguistiques qui l’absorberont jusqu’à sa mort : rédaction d’un lexique, qui deviendra peu à peu un monumental dictionnaire touareg-français ; transcription, traduction et commentaire de poésies touarègues (six mille vers en tout), travail qu’il n’achèvera que le 28 septembre 1916, trois jours avant d’être assassiné. De ces travaux, qui aujourd’hui encore font autorité, seule une petite partie sera publiée de son vivant.
Début 1909, et sur demande de sa famille, il fait un premier séjour en France pendant 3 semaines. Mgr Bonnet, évêque de Viviers et Mgr Livinhac, Supérieur Général des Pères Blancs approuvent ses statuts de « l’Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur », « pieuse union » pour l’évangélisation des colonies. Lors du voyage retour en mars 1909, il s’arrête à El-Abiodh Sidi Cheikh. C’est là que sera fondée la première Fraternité en mars 1933.
Dès 1909, il entreprend d’organiser la confrérie apostolique des « Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus ».
En 1910, il apprend la mort de Mgr Guérin âgé de 37 ans. Commentaire : « Hélas oui, c’est une grande perte pour moi ; mais il ne faut pas être égoïste ; il est juste que les saints reçoivent leur récompense... »
De janvier à mai 1911 il retourne en France. Il consacre les deux mois suivants à un quatrième séjour à Tamanrasset pendant lesquels il continue ses travaux de lexique.
En décembre 1911, pour suivre les Touaregs qui y ont mené leurs troupeaux en raison de la sécheresse persistante ailleurs, il séjourne à l’Assekrem, plateau au cœur du Hoggar. Il y rédige son testament : « Je désire être enterré au lieu même où je mourrai et y reposer jusqu’à la résurrection. J’interdis qu’on transporte mon corps, qu’on l’enlève du lieu où le bon Dieu m’aura fait achever mon pèlerinage. »
Il fera construire plus tard d’après ses plans un petit ermitage qu’il pourra utiliser l’été.
Fin 1913, Charles de Foucauld fait son dernier voyage en France et, sept mois durant, visite sa famille et amis : les Foucauld, les Blic, les Bondy et son ami Laperinne.
En septembre 1914, à la nouvelle de la déclaration de guerre en Europe, il écrit à sa cousine Marie, après de multiples débats de conscience : « Vous sentez qu’il m’en coûte d’être si loin de nos soldats et de la frontière : mais mon devoir est, avec évidence, de rester ici pour aider à y tenir la population dans le calme ».
Celui qui voulait mourir martyr est assassiné d’un coup de feu le 1er décembre 1916 par des rebelles et pillards senousistes à la porte de son ermitage.
Dans sa dernière lettre à sa cousine Marie de Bondy, Charles de Foucauld écrit : « On trouve qu’on aime jamais assez, mais le bon Dieu qui sait de quelle boue il nous a pétris et qui nous aime bien plus qu’une mère ne peut aimer son enfant, nous a dit, Lui qui ne ment pas, qu’il ne repousserait pas celui qui vient à Lui ».
Il repose depuis le 26 avril 1929 dans un tombeau à El-Goléa, appelé aujourd’hui El Méniaa.
En 1919, le cardinal Amette donne un avis favorable pour la reprise de l’Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur (Association de laïcs vivant dans le monde), sous la présidence de Mgr Le Roy, désigné par Mgr Livinhac.
En 1924, l’amiral Malcor, ordonné prêtre, prend l’habit du Père de Foucauld et s’installe à Sidi Saad, près de Kairouan en Tunisie. Le Père Henrion l’y rejoint.
En août 1933, fondation à Montpellier des Petites Sœur du Sacré-Cœur. En septembre de la même année, fondation des Petits Frères de Jésus : cérémonie de prise d’habit des cinq premiers Petits Frères, en la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. En septembre, première fraternité des Petits Frères à el Abiodh Sidi Cheikh au Sahara. En septembre 1939, fondation des Petites Sœurs de Jésus au Sahara.
Le rayonnement spirituel du Père de Foucauld est aujourd’hui perpétué par près d’une vingtaine de congrégations et d’associations religieuses qui proposent de « réapprendre le mystère de l’incarnation aux hommes d’aujourd’hui ».
Le 24 avril 2001, le Pape Jean-Paul II approuve le décret d’héroïcité des vertus du Père de Foucauld qui devient ainsi Vénérable.
Outre sa Reconnaissance au Maroc (1888), Charles de Foucauld a laissé de nombreux documents scientifiques qu’a publiés l’université d’Alger ainsi que ses Écrits spirituels. En 1925 et 1930, André Basset a publié en deux tomes les poèmes dont il n’avait achevé la traduction qu’à la veille de sa mort. En 1951, l’imprimerie nationale de France, avec le concours du Gouvernement général de l’Algérie, a publié le dictionnaire touareg-français complet, en quatre volumes, magnifique travail de l’Imprimerie nationale et somme de travail incroyable de Charles de Foucauld, en vue du bien des Touaregs et plus généralement des Berbères.